Le ministre de l’EN Luc Chatel a proposé ce jour un projet d’aménagement du temps scolaire « Cours le matin, sport l’après-midi ».
Nous venons d’apprendre par les médias que le ministre CHATEL semble prendre en compte ce que nous disons depuis plusieurs années : l’éducation physique et sportive (EPS) et le sport scolaire sont fondamentaux dans la formation et la réussite des jeunes. Cependant l’expérimentation qu’il propose attire plusieurs observations de notre part :
1.Les horaires d’EPS sont actuellement de 4 h en 6er, 3 h pour les autres classes du collège et de seulement 2 heures au lycée (cet horaire intégrant les déplacements pour se rendre sur les équipements sportifs !!)
2.Depuis 5 ans, le ministère ne remplace, qu’1 enseignant d’EPS pour 3 départs en retraite, rendant ainsi notre discipline déficitaire en personnel.
3.Les installations sportives sont très souvent insuffisantes en nombre ou en qualité, alors que les horaires actuels d’EPS sont répartis sur l’ensemble de la semaine, du lundi matin au vendredi soir, voire au samedi midi. Dans notre académie les collectivités territoriales (département et région ont fait depuis plusieurs années des efforts importants pour doter correctement les établissements scolaires malgré les difficultés liées au prix du foncier et à la croissance démographique scolaire. Le ministère n’a jamais donné suite à son engagement de mettre en place un groupe de travail pluraliste sur ce sujet, malgré les demandes réitérées du SNEP.
4.Le socle commun créé par la loi Fillon sur l’école, en 2005, et le livret de compétences qui en découle, ignorent quasi totalement l’EPS et les pratiques sportives.
5.Le découpage « Cours le matin, sport l’après-midi » n’a fait l’objet d’aucune négociation, consultation ou même débat avec les organisations syndicales, ni celles représentatives de l’EPS, ni celles des autres disciplines. Il est tout à fait contestable, y compris du point de vue de certains chrono biologistes. Il instaure une hiérarchie entre les disciplines scolaires, que chacun s’accorde à juger dépassée. Il est remis en question en Allemagne depuis plusieurs années. En outre, il est contraire aux habitudes alimentaires des français qui contrairement aux anlo-saxons et germaniques ne font pas du petit déjeuner un véritable repas, ce qui ne leur permet pas de « tenir » correctement jusque 13 ou 14 heures.
6.Le Ministre fait état de l’UNSS et propose de développer le sport scolaire en utilisant les 3 h hebdomadaires prévues à cet effet dans le service des enseignants d’EPS. Mais que croit-il que nous faisons de ces heures tous les mercredis après midi si ce n’est animer l’Association Sportive de notre établissement ? C »est pour cela que l’UNSS compte 1 million de licenciés, que c’est la première fédération sportive féminine et qu’elle forme des milliers de jeunes officiels (presque 100 000 en 2008-2009). Dynamiser le sport scolaire et l’UNSS passe d’abord
par la libération, et pour toutes les classes, du mercredi après midi (savez-vous que dans de nombreux lycées professionnels ou techniques les élèves ont cours le mercredi après midi !!)
par le retour de la subvention du MEN au niveau nécessaire au bon fonctionnement de la fédération. (Le prix de la licence va augmenter de 19% l’an prochain pour faire face aux échéances !!)
7.L’expérimentation « Chatel » n’a manifestement pas vocation à être élargie à tous les élèves. En effet on voit mal comment une « expérience » menée sur une classe d’un collège par département permettrait d’apporter les éléments suffisants pour être généralisée à tout le collège, puis à tous les établissements scolaires : il y a environ 200 établissements publics avec en moyenne 20 classes pour chacun, cela fait 4000 classes à placer l’après midi, tous les après midi, un après midi par semaine, un après midi par mois, qui sait ? Ce que nous savons, c’est que au delà de désaccords sur le fond cette expérimentation n’est pas réaliste sauf en la rendant optionnelle ce qui irait à contrario des objectifs annoncés. Ce que nous savons c’est qu’il s’agit surtout d’une opération de communication du ministre, qui met en avant une organisation proposée à un élève sur 1000.
8.Enfin, le « lapsus » du ministre sur les ondes hier matin entre « éducateur » et « professeur d’EPS » n’est peut-être pas une véritable erreur. Depuis des décennies les ministres, d’abord de la jeunesse et des sports, puis de l’éducation nationale cherche à sortir l’EPS et le sport scolaire du service public d’éducation pour les livrer au secteur marchand et fédéral. Nous avons toujours combattu cela afin que le service public d’éducation offre à tous les jeunes l’accès à une culture commune complète physique autant qu’intellectuelle.
Dans une perspective de démocratisation et de valorisation de la culture physique et sportive à l’école, le SNEP propose une augmentation des horaires d’EPS pour tous les élèves : 4h en collège, 3h en lycée dans un premier temps. Il se prononce pour l’affectation dans chaque établissement difficile, d’un enseignant d’EPS supplémentaire pour améliorer les conditions d’enseignement, de pratique et d’apprentissage pour les élèves et les enseignants. Il demande aussi au ministre de s’engager dans une politique d’aide au développement du sport scolaire, au niveau des associations sportives des établissements et de l’UNSS (union nationale du sport scolaire).
Le SNEP réfute fermement tout glissement du forfait de 3h des enseignants d’EPS pour l’animation du sport scolaire et de l’UNSS, vers une « coordination » de l’expérience « Cours le matin, sport l’après-midi ».
(communiqué du Snep de l’académie de Nice)