Restrictions budgétaires massives, apprentissage- « junior » dès 14 ans, précarisation de l’emploi… c’est dans ce contexte préoccupant pour la réussite de tous les jeunes, notamment ceux des élèves des milieux populaires, que le ministre annonce des décisions qui ne permettront pas la nécessaire relance de l’Education Prioritaire.

En classant les établissements et les écoles actuellement en Zep/Rep en trois nouvelles catégories (EP1, EP2, EP3), le ministre ne rompt pas avec le processus de ghettoïsation de certains quartiers. En affichant 1000 enseignants de plus dans les seuls EP1 par redéploiement, il ne répond pas aux nécessaires créations de postes d’enseignants, au renforcement indispensable des équipes pluri-professionnelles et accentue les difficultés d’une grande partie des établissements et des écoles.

La mobilisation des personnels, des établissements en ZEP a contraint le ministre à quelques concessions, à affirmer le maintien des moyens actuels à la rentrée prochaine, à « encourager » la scolarisation des élèves de deux ans mais, sans mesures permettant leur concrétisation, les inquiétudes restent grandes pour l’avenir notamment pour les établissements qui devront sortir du dispositif d’ici trois ans.

Dans les réseaux dits "ambition réussite", l’accent sera mis sur le seul socle commun, sauf pour les élèves les plus « méritants » qui pourront choisir leur lycée en fin de 3ème. Ceci accentuera la ghettoïsation des lycées réputés « difficiles ». L’organisation des enseignements sera dérogatoire en collège. Aucune mesure ne concerne particulièrement l’école primaire. Le traitement de la difficulté sera renvoyé hors de l’école, sans réponse sur le temps de concertation pour les équipes ou la scolarisation à 2 ans.

Les dispositifs fortement contestés sont maintenus. Sous couvert d’« individualisation des parcours », c’est une école à plusieurs vitesses qui est organisée. Pour certains élèves, la découverte professionnelle et un entretien individuel d’orientation dès la quatrième visent à préparer des sorties précoces du système scolaire. Pour d’autres, seront réservés la possibilité de déroger à la carte scolaire ou le développement des bourses au mérite. Ces mesures vont à l’encontre d’une politique de mixité sociale. Elles illustrent le tri social organisé par la loi Fillon.

Comment penser faire mieux réussir tous les élèves dans des zones en difficulté en réduisant les exigences à un socle appauvri, sans proposer de mesures visant à favoriser les apprentissages pendant le temps scolaire ?

La FSU, qui organise des assises de l’Education Prioritaire le 8 mars, dénonce les choix ministériels et continuera à mobiliser les personnels dans le cadre le plus large possible dans les semaines à venir, pour porter leurs exigences.

mercredi 8 février 2006.