Retour sur une audience fort inquiétante
Le positionnement du rectorat est bien plus inquiétant qu’il n’y parait.
Mercredi 3 février, la forte mobilisation des étudiants STAPS a permis d’organiser une audience avec le rectorat du Recteur LAGANIER. Il avait dépêché, pour l’occasion, M. PEIFFERT (Secrétaire Général Adjoint-DRH), M. AZOULAY (Vice-président de la formation de l’université côte d’Azur), Mme CAUCHI-BIANCHI (Conseillère académique, recherche-développement innovation et expérimentation et responsable service formation) ; ainsi que deux IA IPR EPS Mme MENARD et M. DUTARD ainsi que M. ROUGEAUX (en charge de la sécurité du rectorat).
Du côté de notre délégation, pour les étudiants nous avions François FLEURY (L3 nice), Léa BEZOMBES-PHILIPPE (L3 Nice), et Lorenzo ESTEBAN (L3 TOULON), pour la formation David SETTE (INSPE) et Karine CORRION (responsable Master STAPS Nice), enfin Colas MOUTON pour le SNEP FSU.
Ce n’est pas faire injure aux représentants du Rectorat que de dire que la constitution de la délégation annonçait déjà le caractère fermé de l’audience du fait de l’absence de décideurs politiques . M. PEIFFERT, en sa fonction de DRH, n’a pas manqué de le rappeler dès le début de l’audience. Donc pas de possibilité d’ouverture à ce stade. Ces acteurs n’ont pas le pouvoir d’ouvrir une antenne de master MEEF EPS à TOULON. Reste que cette audience a permis de mettre en évidence un choix politique éminemment discutable en ce qui concerne la formation initiale.
Après avoir réorienté les discussions, non sans friction, nous avons pu aborder le cœur du positionnement du rectorat ou du moins des partenaires de la formation initiale. Car, bien entendu, les étudiants n’interpelaient pas M. Le Recteur en temps que futur employeur, mais bien en tant que partenaire de la formation dans la refonte de la formation initiale. On comprend donc la remarque de M. le DRH qui soulignait que les étudiants n’étaient pas ses interlocuteurs habituels. En effet, il y avait peut-être, dans ce choix, une erreur de casting.
Mais revenons au cœur de notre propos, à savoir le choix politique de l’Académie de Nice ou peut-être celle de du bassin régional (mais là rien n’est moins sûr, puisque, légitimement, nous nous sommes limités à la formation Master MEEF EPS). Si d’aventure cette politique s’avérait généralisée à toutes les disciplines et à tout le territoire régional, c’est le Préfet qui pourrait bien être notre interlocuteur, le privilégiant au titre de représentant décentralisé de l’état.
En effet, selon de Mme CAUCHI BIANCHI, les services du Rectorat estiment, que l’académie peut difficilement absorber une cohorte d’étudiants en Master 2 « alternant » supérieure à celle d’aujourd’hui. Une affirmation illustrée par le travail de coordination des IA-IPR EPS entre les établissements d’accueil et les organismes de formation que sont les STAPS et l’INSPE. Et bien qu’aucun chiffre n’ait été présenté, nous n’avons aucune raison de douter de leur bonne fois. Malgré tout on voit une nouvelle fois, les limites à avoir restreint le paritarisme et à avoir organisé l’opacité de gestion des rectorats dans la loi de transformation de la fonction publique.
Mais quid alors, du parcours MEEF « non alternant » prévu pour les étudiants dans la loi ? Il n’est tout simplement pas retenu dans notre académie. Mme CAUCHI-BIANCHI affirmant que c’est une décision qui se veut équitable pour les étudiants. Admettant, de fait, que le parcours alternant étant bien plus difficile, il ne serait pas juste que certains étudiants ne soient pas contraints à cette difficulté.
L’enfer étant pavé de bonnes intentions, Mme CAUCHI-BIANCHI oublie que ce parcours se termine, malgré tout, par un concours national : le CAPEPS. Aors que devient cette équité au plan national ? Les étudiants des autres académies qui auront eu la chance de suivre un parcours « non alternant » auront-ils les mêmes chances que les étudiants de l’académie de Nice, subissant cette l’orthodoxie ? Où est l’équité dans ce non choix ?
Car, n’en doutons, pas cette nouvelle formule s’apparente déjà à une mission dantesque. M. Fleury la compare au 13iéme travail d’Hercule ! En effet les étudiants doivent, en master 2 alternant, finaliser leur mémoire universitaire, préparer les épreuves du CAPEPS (deux écrits, trois oraux) et assumer en responsabilité totale un tiers de service toute l’année devant des élèves ! Alors que l’étudiant non alternant sera en pratique accompagnée sur le service de son tuteur durant 12 semaines. Bien entendu, rien de très évident mais aucune comparaison avec les conditions dans lesquelles l’étudiant alternant va se retrouver. Ce qui fait d’ailleurs dire aux formateurs que les étudiants mettront inévitablement en oeuvre une stratégie de validation sur trois ans. Quelle catastrophe pour les étudiants les plus modestes ! Le statut d’étudiant fonctionnaire qui s’apparente à une sortie de précarité pour beaucoup, est repoussé dans les faits de deux ans ! Non l’étudiant alternant ne peut pas être la seule réponse sur notre académie. Cela précariserait la réussite de nos étudiants. Et du point de vue du SNEP FSU, si nous comprenons que le fait de devoir travailler pour financer ses études est une nécessité pour certains des étudiants, elle ne peut pas être la règle pour tous, là où elle est déjà l’exception !
Il y a là une faute politique de l’académie. Si cette réforme s’accompagne d’une économie en faisant passer de 950h à 800h la formation, elle ne peut pas, en plus, engendrer des décisions qui vont à l’inverse de l’esprit de cette loi de refonte qui met en exergue le choix de l’étudiant dans son parcours.
Quant aux arguments suivant, ils ont été balayés par les représentants du Rectorat. Pourtant, ils s’appuient sur les valeurs républicaines d’égalité de traitement des citoyens sur notre territoire.
Le premier est le ratio entre les diplômés de Licence STAPS et les places en MASTER MEEF. Actuellement 160 étudiants diplômés en Licences pour 30 places en Master ME (19%)EF. Aucune autre académie n’a un tel ratio. Marseille et Toulouse 33%, bordeaux 37%, Amiens 38% et Nancy 61%. M. PEIFFERT considère que les comparaissons inter académique n’ont pas lieu d’être. Confond-t-il l’autonomie de gestion de son rectorat avec une liberté anticonstitutionnelle de traiter différemment les citoyens sur notre territoire ?
Comme il n’est pas non plus acceptable vis à vis des étudiants, que le maillage territorial ne soit pas considéré. Les étudiants varois devraient pouvoir suivre une formation au plus proche de leur habitation, du moins sur les formations qualifiantes qui ne subissent aucune contrainte de recrutement. D’autres parcours de formation proposent le doublage des sites alors que les effectifs sont loin d’être à la jauge. Les formateurs présents proposent qu’une approche régionale académique soit organisée. Que les économies d’échelle réalisées puissent permettre de répondre à la demande des parcours les plus prisés.
Oui nous réaffirmons qu’il faut proposer aux étudiants une variété (alternant et non alternant) de parcours qui, d’une part, permettra de répondre à l’esprit de la loi de refonte de la formation initiale et, d’autre part, garantira un accès au concours du CAPEPS dans des conditions équivalentes sur tout le territoire. Ce parcours non alternant ne met pas notre académie sous pression puisqu’il ne demande pas de poste support. Le stage pratique se déroule sur le service des tuteurs. Enfin l’ouverture d’une formation sur Toulon permettrait d’élargir les possibilités d’accueil sur toute l’académie. Les enseignants d’EPS du Var étant d’une qualité tout au moins aussi exceptionnelle que ceux des Alpes -Maritimes.
Enfin nous ne pouvons pas être totalement insensibles aux conditions sanitaires qui frappent les étudiants. Nous n’avons malheureusement que peu de prise sur cette dernière, pour qu’en même temps, nous réduisions l’accès à une qualification Master. Le seul travers de ces étudiants c’est qu’ils veulent étudier. Avec cette ouverture, 1 étudiant sur 3 (33%) pourrait atteindre le niveau master 2. D’autant que la pandémie aura permis d’accélérer des enseignements en distanciel qui permettraient une mise en commun des 2 sites de 20% de la formation, à en croire les formateurs.
Cette décision est politique ! C’est pourquoi nous insistons pour que cette réflexion soit posée au niveau politique.
Nous interpellerons lors du CAEN les différents partenaires afin d’alerter sur ces choix qui impactent les étudiants de notre région. Le Ministère sera lui aussi informé par le SNEP national des conditions arrêtées par l’académie.
Cependant, comme l’a souhaité de ses vœux M. FLEURY, cette rencontre n’est que la première. Elle a ouvert une réflexion. Plus que jamais les étudiants comptent sur leur haut niveau de qualification pour envisager leur avenir sereinement. Rien n’est pire que l’absence d’avenir. Ils ne réclament que de pouvoir continuer leurs études, espérant secrètement rendre à la nation la chance qu’on leur a offerte, en formant nos jeunes concitoyens.
Colas MOUTON SNEP FSU
Proposition pour le CAEN sur le MEEF EPS
Nous souhaitons aussi faire remonter au CAEN les inquiétudes sur l’avenir des étudiants de notre académie. En effet les étudiants du STAPS de Nice et de Toulon, réclament le droit d’être traités de façon équivalente au reste des étudiant de la France. En effet ils demandent qu’une formation en Master MEEF soit ouvert à Toulon en complément de celle de Nice. De fait La sélection est particulièrement insupportable sur notre académie, seulement 1 étudiant sur 6 (19%) se verra proposer une qualification Master MEEF en EPS, alors que le ratio est de 33% à Marseille et Toulouse, 37% à Bordeaux, 38% à Amiens et 61% à Nancy. Suite à leur rencontre avec le Rectorat de Nice, l’impossibilité d’ouverture n’est pas financière (puisque le STAPS de Toulon serait en capacité d’assumer le financement de cette formation) mais se heurte à un choix politique local bien discutable. La réforme de la formation initiale nationale de 2020 permet à l’étudiant de suivre son cursus universitaire en alternat ou en non alternance. Si l’on croit les affirmations des représentants du Rectorat de Nice, seul le parcours alternat sera proposé. En d’autres termes la partie de la formation pratique devant les élèves sera en responsabilité totale (quelque soit leur niveau de compétences). Nous dénonçons cette décision qui d’une part, réduit le droit du choix du parcours des étudiants (leur situation étant déjà très dégradée au regard du contexte sanitaire). Et d’autre part, elle ne garantit en rien la sécurité des élèves, l’EPS proposant des activités dont la sécurité ne souffre d’aucune faiblesse. En effet le concours du CAPEPS arrivant après cette expérience, les formateurs doivent aussi pouvoir choisir les conditions de formation pratique pour leurs étudiants. Ce choix orthodoxe local s’écarte manifestement de l’esprit de cette loi. Nous vous demandons de revoir ce choix et nous restons à votre disposition pour vous exposer l’impérieuse nécessité d’ouvrir ce deuxième parcours MEEF à TOULON et ainsi de répondre aux inquiétudes des étudiants.