La France et l’Union Europ ?enne doivent prendre des sanctions !
Après une dizaine de jours d’accalmie, les manifestations ont repris
depuis samedi dernier dans les rues de Conakry et dans les principales
villes de Guinée. La FSU 06 condamne la répression sanglante qui s’est
une nouvelle fois abattue sur les manifestants. Elle appelle la France
et l’Union Européenne à prendre des sanctions ciblées contre les
principaux dirigeants guinéens.
En désignant Eugène Camara, ministre d’Etat aux Affaires
présidentielles, comme Premier ministre aux pouvoirs élargis, le
Président Lansana Conté a délibérément violé l’accord avec les
organisations syndicales le 27 janvier dernier et mis le feu aux poudres
: ce dignitaire du régime ne présente manifestement pas le profil
d’intégrité qui était attendu. Se sentant flouée, la population
guinéenne est une nouvelle fois descendue dans les rues des principales
villes du pays pour crier sa colère. Les organisations syndicales
guinéennes ont confirmé leur appel à la reprise de la grève générale
illimitée.
Les informations qui nous parviennent et confirmées par les agences de
presse sont alarmantes. La répression s’est une nouvelle fois abattue
sur les manifestants et les premiers bilans, provisoires, font état de
23 morts. De nombreuses sources signalent la présence à Conakry de
mercenaires à la solde du Président Conté, les portables sont sur
écoute, les responsables syndicaux craignent pour leurs familles.
Après dix-huit jours de grève générale et de manifestations, un accord
était intervenu le 27 janvier dernier entre le gouvernement et les
principales organisations syndicales de Guinée. Outre le principe de la
désignation d’une personnalité intègre et de « consensus » comme Premier
ministre et Chef de gouvernement, l’accord signé comportait de nombreux
volets économiques et sociaux : baisse des prix du riz et du carburant,
blocage pendant un an de l’exportation des produits de premières
nécessité, relèvement des pensions de retraite et statut des
enseignants. Un accord avait également été trouvé sur le « strict
respect du principe de la séparation des pouvoirs », l’indépendance de
la Banque Centrale (BCRG) et la poursuite de l’action judiciaire «
contre tous les prédateurs de l’économie nationale ». Cette clause
faisait explicitement référence à l’ancien « patron des patrons »,
Mamadou Sylla et Fodé Soumah ancien ministre et vice gouverneur de la
BCRG, accusés de détournement de fonds mais libérés de prison sur
l’intervention personnelle du Président Lansana Conté.
Le prix payé par la population guinéenne pour obtenir cet accord est
effroyable. La répression de la grève générale et des manifestations a
fait plus de 90 morts et des centaines de blessés.
Le gouvernement français, le Président de la République ne peuvent rester
silencieux devant des violations aussi massives et répétées des Droits
de l’Homme. Paris doit condamner avec la plus grande fermeté la
répression et user de son influence pour amener le Président Lansana
Conté à la raison : l’occasion leur est donnée à Cannes, nul ne
comprendrait qu’ils ne la saisissent pas.