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MGEN : quelle solidarité pour les cotisations ?

De nombreux collègues se sont émus, à juste titre, en apprenant que l’assemblée générale de la MGEN de juillet 2003 avait décidé d’augmenter les cotisations.

En déclarant la volonté que « chacun contribue selon ses moyens et reçoive selon ses besoins » fallait-il accroître, les charges des retraités et des actifs et cela de façon inégale ? Fallait-il mettre à contribution les enfants et les conjoints sans emploi ?

Il est indispensable de se faire une opinion et de dire ce que l’on en pense, donc s’efforcer d’y voir plus clair dans les motivations de ces décisions.

Il faut d’abord mesurer le transfert de charges (important) de la Sécu vers les mutuelles, le coût nouveau de la mise en place des directives assurantielles européennes et les besoins accrus (légitimes pour l’essentiel !) en matière de santé. Les mutuelles rencontrent de grandes difficultés financières : le budget 2002 de la MGEN, devait son équilibre aux produits financiers ; celui de 2003 a dû être voté en déséquilibre

La politique de santé menée depuis des années, notamment avec Juppé, s’est fondée sur la volonté effrénée de réduire les dépenses, oubliant la question primordiale des besoins et la nécessité d’une politique de santé publique privilégiant prévention, recherche et éducation sanitaire. La question des recettes est alors décisive. Dépenser mieux ne signifie pas dépenser moins ! L’échec de la politique de réduction des prestations accroît la charge des mutuelles. Aussi, persistons-nous à demander à la MGEN de contribuer davantage à la lutte unie contre cette orientation et de ne pas se contenter d’une adaptation gestionnaire illusoire.

Au cours de l’année 2002-2003, un important débat a traversé les mutuelles concernant les dispositions à prendre et donc les cotisations mutualistes : augmentations, combien ? différenciées selon l’âge, la situation familiale, l’état de santé, ouvrant la voie à des options facultativement prises ? approbation des orientations gouvernementales visant à augmenter la place des organismes complémentaires (et celle des assurances privées, par la même occasion ) dans la gestion de la santé ? Les assurances privées mais aussi certaines mutuelles souhaiteraient prendre en charge leurs adhérents « au premier franc », en échange d’un « reversement à la tête » (du client !), par l’Etat et la Sécu, dégageant ainsi l’essentiel de la responsabilité de ces derniers

Trop peu d’adhérents ont participé à ce débat important, (AG départementales MGEN en juin 2003). Néanmoins, contrairement à ce qui s’est passé dans d’autres mutuelles, le débat a eu lieu dans la MGEN, permettant ainsi à la première mutuelle en France :

"-" De peser de façon décisive sur la Fédération Nationale des Mutuelles de France (12 millions d’adhérents) pour qu’elle repousse le piège gouvernemental et dénonce les projets régressifs en préparation.

"-" D’écarter le recours à des options diversifiées pour la lunetterie ou la dentisterie par exemple

"-" De maintenir une « cotisation globale » solidaire.

L’augmentation des cotisations était sans doute inévitable et méritait peut-être d’être plus forte pour mieux répondre aux besoins apparus, à condition de mener la lutte contre les transferts de charges, d’assurer la transparence des dépenses et de ne pas faire la promotion du système par capitalisation (voir le soutien à la nouvelle mutualité retraite !)

Le remplacement d’une cotisation unique de 2,5 % des traitements et pensions bruts par une cotisation proportionnelle aux revenus nets (et pourquoi pas progressive ?) pourrait se justifier,

MAIS :

"-" supprimer l’avantage accordé jusqu’à maintenant pour les enfants, est-ce bien solidaire ?

"-" mettre à contribution les conjoints privés d’emploi, est-ce un progrès, même si le contrôle est difficile ?

"-" les 2,6 % du traitement brut des actifs constituent-ils vraiment une charge égale aux 2,9 % de la pension brute des retraités, malgré des retenues sociales moindres pour ces derniers ?

"-" montrer du doigt les retraités qui coûteraient plus cher et qui devraient donc contribuer davantage, cela tient-il bien compte de faits majeurs : ils ont cotisé solidairement, pendant toute leur activité, y compris en coûtant moins ; aujourd’hui les personnes âgées sont régulièrement mises au pilori parce qu’elles seraient la cause de toutes nos difficultés et de tous nos soucis, notamment financiers. Est-ce juste, efficace et seulement décent ?

Le débat n’est pas clos, ni sur le devenir et le financement de la protection sociale solidaire, ni sur les cotisations à venir dans un environnement en pleine évolution, ni sur la place des mutuelles dans le système de santé français, ni sur le fonctionnement plus démocratique de la MGEN. Nous devons prendre toute notre place dans ce débat, majeur pour l’avenir au quotidien, mais aussi pour l’avenir de notre mutuelle et de notre vie en société.

Le prochain congrès de la FSU ne pourra pas faire l’impasse sur ces questions.