"JPEG MANCHE/ suites de la manif du 12/01/2009 à SAINT Lô

Soutien à Pascal BESUELLE

Le syndicaliste FSU et militant RESF PASCAL BESUELLE en garde à vue depuis 10h ce matin a été libéré à 17h30. Affaire à suivre…

Vous trouverez ci-dessous le communiqué » de presse de la FSU 50 (Manche) suite à la garde à vue de Pascal Besuelle, syndicaliste FSU et militant RESFNotre camarade Pascal Besuelle, convoqué au commissariat de Cherbourg ce lundi 19 janvier 2009 à 10 heures, s’est vu signifier sa mise en garde à vue avant d’être transféré à Saint-Lô.

Les faits qui lui sont reprochés remontent à la fin de la manifestation du lundi 12 janvier à Saint-Lô. Très vite, la solidarité s’est organisée sur les deux villes. L’émoi, sur Cherbourg, ne cesse de s’amplifier. Pascal est particulièrement connu dans cette ville pour son combat permanent pour les libertés publiques et individuelles. Dans le collège des Provinces (Octeville) où il enseigne, la totalité du personnel a décidé de débrayer à partir de 14h30. La mobilisation n’a pas non plus tardé à Saint-Lô, où, dès 12h30, une quarantaine de citoyens, militants des syndicats FSU, CGT, Solidaires, FO, CFDT et Confédération paysanne, des élus du conseil municipal et du conseil régional (PCF, PS, MRC) se sont rendus devant le commissariat pour demander qu’une délégation soit reçue.

Devant le refus qui leur a été opposé, les manifestants se sont dirigés vers la préfecture pour une demande d’audience. Cette fois-ci, une rencontre a été proposée à une délégation intersyndicale (FSU, CGT, Solidaires, FO, CFDT et Confédération paysanne), avec Khalila Sellali, sous-préfète, directrice de cabinet du Préfet. Bilan de cet entretien Dans un premier temps, la directrice de cabinet s’est étonnée de la garde à vue ; elle pensait pour sa part que Pascal avait été auditionné directement à Saint-Lô. Elle a quitté brièvement la salle où elle nous recevait pour un complément d’information. A son retour, elle a précisé qu’en demandant l’assistance juridique, Pascal déclenchait de fait la procédure de garde à vue (cf. code de procédure pénale !). Selon la sous-préfète, cette garde à vue ne durera que le temps nécessaire, ce qui ne nous en dit pas plus long sur la durée de son séjour au commissariat (la semaine dernière, un camarade de la CGT avait été maintenu en garde à vue durant 23h15, sans avoir pour autant demandé l’assistance d’un avocat).

Un long échange entre les syndicalistes et Khalila Sellali a été l’occasion de revenir sur la journée du 12 janvier. C’est avec elle que les contacts préalables à la manifestation du 12 avaient été établis. Nous avons pu constater une méconnaissance de multiples incidents qui ont émaillé cette journée, liés à l’attitude agressive des forces de police. Nous avons été également surpris de mesurer sa mauvaise connaissance des péripéties de la matinée quand un important cortège de manifestants a été empêché d’approcher l’école Calmette et Guérin.

Pour elle, la présence de 150 manifestants visibles sur place, l’inclinait à croire que le cortège avait pu aborder les lieux. Tous les syndicalistes présents ont insisté sur les traditions pacifiques des manifestations saint-loises et n’ont pas caché que ces évènements risquent d’avoir des conséquences pour le futur. Plusieurs faits – qu’elle ignorait manifestement – ont été portés à sa connaissance par la délégation : jeunes provoqués par les forces de « maintien » de l’ordre, pancartes arrachées à certains manifestants lors de leur arrivée, téléphones portables arrachés, interdiction de déployer des banderoles, brutalités délibérées lors de l’interpellation de manifestants, journalistes molestés dans l’exercice de leur profession, etc.

Nous sommes également revenus avec insistance sur deux points :

1) Pascal Besuelle, est resté jusqu’à la fin de la manifestation, qui ne s’est prolongée qu’à cause du refus ou du retard à communiquer, tant des forces de police que de la préfecture. En les mettant en cause, ce sont tous les syndicalistes présents et actifs ce jour-là qui sont mis en cause, et, de fait, « inculpés ».

2) La plus grossière contre-vérité qui a pu être émise sur cette manifestation tant par le ministre Darcos que par le maire de Saint-Lô (qui avait pourtant joué, dans un premier temps, un rôle modérateur) est l’affirmation que les syndicats « ont fait monter la tension ». Tout au long de la journée, ils ont au contraire multiplié les interventions pour conserver à cette manifestation de masse son caractère pacifique. Nous invitons les destinataires de ce compte-rendu à le faire connaître autour d’eux et nous ne manquerons pas de porter à votre connaissance les suites de ce nouvel exemple de criminalisation du mouvement social.

Son témoignage :

Convoqué à 10 heures au commissariat de Cherbourg, ma mise en garde à vue m’a immédiatement été signifiée. L’officier qui m’a reçu m’indique alors que je suis suspecté d’avoir commis des "violences contre un agent de la force publique" dans le cadre de la manifestation du 12 janvier à Saint Lô. C’est évidemment cette mise en garde à vue qui m’a conduit à contacter un avocat cherbourgeois et non l’inverse comme affirmé par la directrice de cabinet du préfet lors de la rencontre avec l’intersyndicale organisée cet après midi.Ce même officier justifie la garde à vue par le fait que j’aurais pu refuser en l’absence de celle-ci de me rendre à Saint Lô où les auditions devaient avoir lieu.

Je suis emmené ensuite au commissariat de cette ville et je fais la connaissance pour la première fois de ma vie des "geôles" de cet établissement. Le rituel déstabilisant ne m’est pas épargné : lacets de chaussure, montre, objets personnels confisqués, cellule sans fenêtre, matelas et couverture repoussants.

Trois auditions espacées d’une heure (pour bien réfléchir sans doute) ont lieu durant l’après midi, avec deux officiers différents, reprenant selon une technique éprouvée les déclarations de l’entretien précédent et construisant un crescendo rôdé dans la délivrance des éléments à charge (photos très vagues et plainte …. de policier).

Tout au long de ces audiences, je n’ai cessé d’affirmer que je n’avais à aucun moment de la manifestation exercé une quelconque violence que ce soit à l’égard des forces de l’ordre. J’ai souligné d’autre part le rôle modérateur du service d’ordre intersyndical dont je faisais partie à la demande de mon syndicat avec lequel je suis resté jusqu’à la dispersion complète de la manifestation.Le dossier préliminaire va maintenant être transmis au Procureur de la République de Coutances qui décidera ou non des poursuites . Il va sans dire que je remercie du fond du coeur toutes celles et tous ceux qui à Cherbourg, Saint Lô et ailleurs dans la région se sont très rapidement mobilisés pour exprimer leur solidarité.