La communauté éducative du Lycée Léon Chiris de Grasse a appris avec stupeur la décision de l’administration de fermer dès la rentrée 2005 la section de BEP MSMA et un tiers de la section de BEP MRVA pour les implanter au Lycée Jacques Dolle à Antibes qui ne les demandait pas.

Certes, les discours de notre ministre et du chef du gouvernement, largement relayés par les collectivités territoriales, sur la nécessité pour l’école de répondre aux besoins de l’économie n’engagent que ceux qui y croient, mais voilà deux formations qui répondent clairement aux besoins et aux attentes des entreprises grassoises, que l’administration fait disparaître du paysage éducatif grassois qui manque déjà d’une offre de formations digne d’une agglomération de plus de cinquante mille habitants (voir par exemple le nombre réduit d’options proposé dans les deux lycées généraux).

Les deux sections remises en cause ne manquent pas d’élèves intéressés, bien au contraire, comme le prouve le recrutement ces dernières années. En outre, l’immense majorité des élèves concernés habite l’agglomération grassoise ou l’arrière pays. Pour beaucoup d’entre eux, il est hors de question de se déplacer vers Antibes. Entre le discours sur l’aménagement du territoire, sur la nécessité à la fois de redynamiser le moyen pays pour éviter la saturation de la bande cotière de notre département et la réalité, il y a un gouffre. Des lycéens grassois et leurs familles vont peut-être en faire les frais.

Alors comment expliquer cette décision ? On l’aura naturellement compris aucune raison pédagogique ne guide ce choix. Il s’agit, une fois encore de mettre en application sur le terrain les deux fondements de la politique gouvernementale : austérité budgétaire pour les services publics et préjugés idéologiques. Toujours moins de moyens pour toujours moins de formations. En outre, les deux sections concernées ont l’avantage pour l’administration de compter deux collègues partant en retraite. Les mesures de carte scolaire seront d’autant moins délicates à gérer. Mais surtout, fermer des sections de lycées professionnels, c’est déjà appliquer la loi Fillon dans son aspect le plus rétrograde et réactionnaire : casser l’enseignement professionnel pour promouvoir à tout pris l’apprentissage mesure si chère au Medef, empécher l’école de mener à bien sa mission première à savoir former des citoyens responsables du monde qui les entoure. Aveuglement idéologique mais aussi ineptie économique : alors que nombre de rapports, d’économistes voire même de patrons soulignent la nécessité de développer un enseignement professionnel long, le gouvernement ne rêve que d’une chose, faire sortir du système éducatif des milliers de jeunes.

De tels cas risquent fort de se répéter. Déjà, il se dit que certaines sections hotellerie de l’autre lycée professionnel de Grasse, le LP de Croisset, seraient délocalisées sur Nice dans deux ou trois ans.

Les élus FSU au CTPA et surtout la mobilisation de la communauté éducative du lycée ont poussé le recteur à reprendre le dossier de la mesure de transfert.

Mais seule une mobilisation encore plus forte et plus large aboutira au maintien des deux sections au lycée Professionnel L. Chiris .

Jean-Paul CLOT