Doublement du dispositif cours le matin, sport l’après-midi : une expérimentation pour quoi faire ?

Hier, Luc Chatel a annoncé le doublement du dispositif "cours le matin, sport l’après-midi ». Cette expérimentation mise en place cette année dans 124 collèges et lycées dont 4 dans l’académie de Nice va à contrario des besoins des élèves et est encore une fois représentative de la manière à la « hussarde » de conduire les expérimentations à l’Education Nationale.

Inspiré d’un modèle allemand, dont les effets scolaires et sociaux dénoncés par l’enquête PISA, ont conduits la plupart des Landers à l’abandonner, ce dispositif avait d’emblée été dénoncé par le SNEPFSU pour ses aspects démagogique, peu réalistes et coûteux pour les collectivités locales qui en supportent l’essentiel de la charge financière.

Ce dispositif mis en place cette année de façon très partielle, puisqu’en en général une seule classe par établissement était concernée, est bien loin de l’aménagement du temps scolaire tant mis en avant par le ministre. De plus il concerne souvent des classes qui avaient déjà le statut de classes à horaires aménagés pour placer des jeunes sportifs dans de meilleures conditions d’études et d’entrainement.

Dans ces conditions (élèves volontaires, petits groupes, souvent déjà sportifs,..), il n’est guère étonnant que, "l’évaluation nationale, menée par la direction générale de l’enseignement scolaire auprès des chefs d’établissement engagés, indique que la motivation et l’assiduité des élèves ont fortement progressé. En outre, le climat scolaire et les relations entre professeurs et élèves se sont notablement améliorés au sein des collèges et lycées concernés" comme le déclare le ministre. Voila pourquoi Luc CHATEL entend doubler le nombre d’élèves concernés.

Malgré l’engagement public du Président SARKOZY de « plus de sport à l’école » la réalité est toute autre. La suppression de 4500 enseignants d’EPS depuis 2007(2 départs en retraite sur 3 non remplacés) et un recrutement d’enseignants d’EPS très insuffisant font que dans certains établissements l’horaire obligatoire ne pourra pas être assuré à la rentrée scolaire pour tous les élèves, des options sportives seront supprimées et des remplacements ne seront pas effectués. Une diminution de 5% de la subvention au sport scolaire(UNSS) en même temps que l’exigence du doublement du nombre de licenciés met l’UNSS en difficulté et augmente la charge financière des familles. L’absence de l’EPS dans le socle commun de connaissances et de compétences conduit à une marginalisation de la discipline.

Pour le Snep ce dispositif affaiblit l’EPS en la remplaçant par des activités sportives « sous traitées » à des associations locales et municipales dont on sait qu’elles ne seront pas en mesure d’assurer gratuitement ce service pour la totalité des élèves. C’est en fait le début du transfert de l’EPS vers les collectivités territoriales, réclamé déjà par certains. C’est une étape de la destruction du service public d’état d’éducation.

Au même titre que d’autres expérimentations cette décision entérine les multiples dérèglementations conduites par le ministère. Que ce soit le dispositif ECLAIR avec le recrutement des enseignants par le chef d’établissement sur des postes à profil, que ce soient les groupes de compétences en langue ou l’accompagnement personnalisé, tous sont imposés brutalement du ministère sans une évaluation sérieuse de leurs effets. Mais ce dont nous pouvons être certains c’est que chacun représente un potentiel d’économies budgétaires importants dans le cadre du plan de suppressions massives de postes à l’Education Nationale.

Dominique HENROT

Secrétaire Académique