Déclaration liminaire FSU 06

Les représentants du personnel FSU ont décidé de ne pas siéger au CDEN du 21 octobre 2010 afin d’interpeller le Préfet des Alpes Maritimes sur le refus du gouvernement d’entendre les mobilisations sociales et de protester contre le projet de budget 2011 qui prévoit pour l’Education nationale 16 000 suppressions de postes à la prochaine rentrée, suppressions qui font suite aux 16000 de cette rentrée scolaire.

Depuis plusieurs semaines, des millions de salariés contestent la réforme des retraites imposée par l’exécutif. Une réforme votée sans débat approfondi, une réforme qui ne tient pas compte des propositions des organisations syndicales.

Pour la FSU, une réforme des retraites ne peut être menée sans tenir compte des questions d’emploi, de fiscalité, du rôle des services publics et notamment celui de l’éducation nationale…

L’éducation nationale, une priorité gouvernementale ? A l’occasion de la venue du Ministre de l’Education nationale dans les Alpes-Maritimes, une délégation de la FSU 06 a été reçue le lundi 13 septembre au lycée P.M Cury de Menton.

Nous avions sollicité une audience auprès du Ministre, c’est son conseiller à l’égalité des chances qui l’a représenté. A la sortie de cette entrevue, il n’y a plus de doutes : une seule logique guide l’action du Ministre. Où supprimer des postes ?

Pour le ministre de l’éducation nationale, pas de soucis : moins 16 000 à la rentrée 2010, moins 16 000 en 2011 soit 32000 en deux ans… C’est sans problèmes.

Cela n’est pas le cas et les conséquences de ces suppressions sont visibles par tous, élèves, parents, enseignants :

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baisse de la scolarisation des enfants de 2 ans

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effectifs chargés dans les classes du primaire comme du secondaire
moindre possibilité de prendre en charge les élèves en difficulté

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difficultés de remplacement

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problèmes de fonctionnement dans tous les services administratifs,
rectorats et inspections académiques par exemples.

Face à la crise que traversent nos sociétés, aucune solution crédible et démocratique ne peut se concevoir sans une véritable « priorité à l’éducation ». Dans d’autres pays, les gouvernements misent sur l’éducation pour sortir de la crise. Les 4 et 5 novembre, les ministres de l’éducation de l’OCDE se sont réunis à Paris : ils ont signalé à cette occasion le rôle essentiel que les systèmes nationaux d’enseignement et de formation jouent dans la construction de nos économies et sociétés futures. L’enseignement et la formation sont déterminantes pour la reprise économique.

Or notre gouvernement s’obstine dans sa politique de mise à mal des services publics et particulièrement du service public d’éducation. La communication du ministre ne peut masquer les effets négatifs de ce choix de société : les élèves les plus en difficulté sont les premières victimes des effectifs de classe en hausse et des suppressions de dispositifs d’aide dans la classe, des problèmes de remplacement, des tours de vis budgétaires, de la suppression de la carte scolaire, de la dégradation de la formation professionnelle des enseignants, des réformes anti pédagogiques,

Dans le même temps N.Sarkozy multiplie les discours sur la sécurité, y compris dans l’éducation, et assortit ses propos de « solutions » qui tiennent avant tout de l’affichage et de la communication.

A chaque problème, on crée une nouvelle structure : ERS pour les élèves perturbateurs, CLAIR pour sortir de la violence, internats d’excellence pour les élèves méritants, cours le matin sport l’après midi. La déréglementation est de mise, au niveau des contenus, des conditions d’enseignement, des personnels. L’Education devient de moins en moins nationale !

Pour la FSU, les ERS (établissements de ré insertion scolaire) constituent une mise à l’écart dangereuse. L’objectif scolaire dans ce structures est très limité (acquisition du socle commun), avec enseignement le matin et activités multiples l’après-midi ; parcours de formation personnalisé et stages en LP, CFA et entreprises doivent permettre à chaque élève d’affiner son projet personnel et son orientation, essentiellement en LP ou en apprentissage.

A côté des dispositifs relais qui existent déjà, les ERS se rapprochent des centres éducatifs fermés . Au lieu de renforcer les moyens des collèges pour mieux prendre en charge ces élèves, on fait le choix de les mettre à l’écart avec une éducation au rabais : une politique de discrimination et d’affichage sécuritaire qui ne résoudra rien.

« Internats d’excellence » ou comment se donner bonne conscience.

Après l’expérimentation d’un premier « internat d’excellence » en 2009 à Sourdun (77), le ministère poursuit sa politique du « mérite » avec 11 établissements de ce type.

Dans le contexte actuel de réduction budgétaire, cette nouvelle forme de « charité » sélective (donner à quelques-uns méritants, et retirer à tous les autres) est en contradiction avec les valeurs de l’école républicaine que nous défendons. Elle consiste surtout à donner l’illusion médiatique qu’une politique éducative sociale est mise en oeuvre alors que rien n’est mis en place pour lutter efficacement contre les inégalités et les difficultés sociales et scolaires.

Sport l’après-midi : faux rythme, fausse piste

Suite à l’annonce d’une expérimentation « cours le matin, sport l’après-midi »,

Quelle est la fonction de cette expérimentation imposée ? Occuper le terrain médiatique miné par une rentrée difficile ? Sûrement !

Nous avions dénoncé dans un précédent communiqué, cette fausse expérimentation, coûteuse (5000 euros par établissement ). Dans les Alpes Maritimes cette expérimentation qui concerne deux établissements de petite taille, n’a même pas pu être mise en place pour toutes les classes tant les difficultés d’organisation des emplois du temps posent problème et mettent les autres établissements utilisateurs des mêmes installations en difficulté.

L’expérimentation « Chatel » n’a manifestement pas vocation à être élargie à tous les élèves. En effet on voit mal comment une « expérience » menée sur une classe d’un collège permettrait d’apporter les éléments suffisants pour être généralisée à tout le collège, puis à tous les établissements scolaires : il y a environ 200 établissements publics dans l’académie avec en moyenne 20 classes pour chacun, cela fait 4000 classes à placer l’après midi, tous les après midi, un après midi par semaine, un après midi par mois, qui sait ? Ce que nous savons, c’est qu’au delà de désaccords sur le fond cette expérimentation n’est pas réaliste sauf en la rendant optionnelle ce qui irait à contrario des objectifs annoncés. Ce que nous savons c’est qu’il s’agit surtout d’une opération de communication du ministre, qui met en avant une organisation proposée à un élève sur 1000.

La situation dans l’éducation se dégrade. Le rapport de l’Inspection générale de l’administration de l’éducation nationale, remis en juillet à Luc Chatel et par la presse, apporte une confirmation de ce que la FSU, avec la profession, affirme avec force depuis un an : le ministre cache la réalité d’une école sous tension sous une communication mensongère. L’année scolaire s’annonce difficile.

Qu’ en sera-t-il de la rentrée scolaire 2011 ?