Communiqué de presse du SNEP FSU de l’Académie de Nice.

Alors que le Ministre de l’Education Nationale a préparé la pire des rentrées scolaires, avec des problèmes d’effectifs sans précédent, une réforme des lycées inacceptable, des programmes bâclés, un livret de compétences litigieux en collège, etc., il vient fièrement inaugurer dans notre académie deux expérimentations particulièrement contestables et coûteuses.

La mise en place à la hussarde dans 4 établissements de l’académie de l’expérimentation « Cours le matin, Sport l’après-midi » est une opération contre l’enseignement de l’EPS pour tous les jeunes : les suppressions massives de postes de professeurs d’EPS (4500 en 5 ans) qui ont engendré de grosses difficultés pour le remplacement dans notre académie, la stagnation voire la régression des horaires, les trop faibles efforts pour développer les installations nécessaires, en sont la preuve.

Cette « expérimentation » annonce un scénario indigne pour les enseignants d’EPS qui se battent pour une éducation physique et sportive développée qui ne soit pas la simple importation du sport à l’école.

Dans une interview à l’hebdomadaire « Paris Match », Luc Chatel précisait le jeudi 19 août que « chaque établissement recevra 5 000 euros pour organiser les déplacements nécessaires ». Il affirme que grâce à « des conventions » signées avec des fédérations sportives, des animateurs viendront « en renfort des enseignants ». (AEF du 19 août).

L’enseignement de l’EPS à l’école n’a pas besoin d’animateurs mais d’enseignants. Il s’agit donc pour le ministre non seulement de transformer l’enseignement en animation mais aussi, en la déportant l’après-midi, d’inventer un mythe d’après-midis sportifs qui a surtout l’avantage de combler le déficit de professeurs qualifiés par des animateurs.

Nous avions dénoncé dans un précédent communiqué, cette fausse expérimentation, coûteuse (5000 euros par établissement soit 620 000 euros), qui masque le refus du gouvernement de proposer à tous les élèves deux séquences d’EPS par semaine. Seule cette mesure dans le cadre actuel permettrait d’organiser un véritable nouvel équilibre de la semaine et un enseignement des pratiques physiques pour tous, car ce n’est souvent pas ceux qui sont volontaires pour pratiquer qui en ont le plus besoin.

Dans les Alpes Maritimes cette expérimentation qui concerne deux établissements de petite taille, n’a même pas pu être mise en place pour toutes les classes tant les difficultés d’organisation des emplois du temps posent problème et mettent les autres établissements utilisateurs des mêmes installations en difficulté.

A Antibes ce n’est que « repeindre » de nouvelles couleurs un dispositif qui existait déjà pour les jeunes sportifs de haut niveau des Pôles.

Tout cela se fait évidemment sans réelle concertation, la plupart du temps sous la pression institutionnelle, et parfois même contre l’avis des enseignants des établissements concernés.

Après avoir détruit la formation des enseignants, Luc Chatel passe à une nouvelle phase : sous couvert « d’expérimentation » de l’organisation scolaire, légitimer une forme d’externalisation des enseignements. Aujourd’hui l’EPS, mais aussi les pratiques artistiques demain ?

Dans le même temps, les horaires d’EPS sont actuellement de 4 h en 6er, 3 h pour les autres classes du collège et de seulement 2 heures au lycée (cet horaire intégrant les déplacements pour se rendre sur les équipements sportifs !!).

Dans le même temps encore beaucoup trop d’élèves ont des cours d’enseignement général le mercredi après midi censé être « libéré » pour le sport scolaire. Commençons par libérer cet après midi là pour tous !!

Le découpage « Cours le matin, sport l’après-midi » n’a fait l’objet d’aucune négociation, consultation ou même débat avec les organisations syndicales, ni celles représentatives de l’EPS, ni celles des autres disciplines. Il est tout à fait contestable, y compris du point de vue de certains chrono biologistes. Il instaure une hiérarchie entre les disciplines scolaires, que chacun s’accorde à juger dépassée. Il est remis en question en Allemagne depuis plusieurs années. En outre, il est contraire aux habitudes alimentaires des français qui contrairement aux anlo-saxons et germaniques ne font pas du petit déjeuner un véritable repas, ce qui ne leur permet pas de « tenir » correctement jusque 13 ou 14 heures.

L’expérimentation « Chatel » n’a manifestement pas vocation à être élargie à tous les élèves. En effet on voit mal comment une « expérience » menée sur une classe d’un collège permettrait d’apporter les éléments suffisants pour être généralisée à tout le collège, puis à tous les établissements scolaires : il y a environ 200 établissements publics dans l’académie avec en moyenne 20 classes pour chacun, cela fait 4000 classes à placer l’après midi, tous les après midi, un après midi par semaine, un après midi par mois, qui sait ? Ce que nous savons, c’est qu’au delà de désaccords sur le fond cette expérimentation n’est pas réaliste sauf en la rendant optionnelle ce qui irait à contrario des objectifs annoncés. Ce que nous savons c’est qu’il s’agit surtout d’une opération de communication du ministre, qui met en avant une organisation proposée à un élève sur 1000.

Dans une perspective de démocratisation et de valorisation de la culture physique et sportive à l’école, le SNEP propose une augmentation des horaires d’EPS pour tous les élèves : 4h en collège, 3h en lycée dans un premier temps. Il se prononce pour l’affectation dans chaque établissement difficile, d’un enseignant d’EPS supplémentaire pour améliorer les conditions d’enseignement, de pratique et d’apprentissage pour les élèves et les enseignants. Il demande aussi au ministre de s’engager dans une politique d’aide au développement du sport scolaire, au niveau des associations sportives des établissements et de l’UNSS (union nationale du sport scolaire).