Aujourd’hui, le Café pédagogique dédie toute sa Une au témoignage de Kata Törley, une des figures de la résistance à la dérive autoritaire qui a imprégné le système éducatif hongrois depuis le retour au pouvoir de Viktor Orban.
Enseignante de français dans un lycée de Budapest et leader du mouvement Tanítanék (en français : « J’aimerais pouvoir enseigner »), elle fait partie des cinq enseignants contestataires qui ont été licenciées en septembre 2022 pour avoir résisté à la mise au pas de l’éducation voulue par Orban.
« La réforme graduelle du fonctionnement du service public, qui a été très mesurée dans le temps, a fait que les enseignants, ainsi que la population, n’ont pas ressenti tout de suite les effets et n’ont pas perçu toute l’ampleur de ce qui se passait », nous explique-t-elle. Labélisation des manuels, programmes idéologisés, centralisation des décisions, fin de l’autonomie pédagogique… sont le quotidien des enseignant·es hongrois. Une situation qui n’est pas sans rappeler le programme du Rassemblement National, parti d’extrême droite français qui pourrait prendre le pouvoir le 7 juillet prochain.
Selon la militante, Viktor Orban sait très bien « manier l’inconscient collectif en jouant sur les peurs, sur le besoin de la population d’être défendue et protégée, en occupant tous les médias, ce qui lui permet d’atteindre très facilement toute la population. Ce qui est paradoxal, c’est que les personnes qui constituent la base électorale de Viktor Orban sont les plus grandes victimes du système Orban. Les gens dont la famille meurt, parce que le système de santé ne fonctionne plus, ceux dont les enfants n’ont plus de professeurs, parce qu’il n’y a plus d’enseignants à la campagne, vont accepter tout cela pour être protégés contre des menaces qui n’existent pas dans la réalité mais auxquelles ils croient ».