1) L’accès aux soins

Notre département est un des plus médicalisé de France mais l’accès aux soins est parfois très difficile en raison d’un double contraste :

  • Géographique : le long de la bande littorale, sur 70km de long, de Menton à Mandelieu, et sur une largeur de 5 à 20 Km (moins de 20% de la superficie) on accède à toutes sortes de soins y compris les plus pointus (cancers, greffes).
    Par contre au fur et à mesure qu’on s’éloigne de la mer, le relief devient de plus en plus montagneux et les communications difficiles (voire impossibles parfois, neige, éboulements, tempête Alex….). Les densités de population chutent, les distances augmentent. Le Haut Pays (45% de la superficie) est un vrai désert médical, le Moyen Pays (35 % de la superficie) le devient. Par contre, en principe, tout va bien au bord de mer.
  • Financier : la plupart des spécialistes (qui exercent essentiellement sur le littoral) ne sont plus en secteur 1. Conséquences chez ceux/celles qui y restent les délais d’attente sont souvent considérables. Entre 8 mois et un an pour les ophtalmos. Pour une consultation en rhumatologie à l’Hôpital Pasteur : demande le 8 mars, consultation le 23 septembre.
    Par contre un urologue en honoraire libre vous reçoit en 2/3 jours et 85 € pour une simple consultation de moins de 20 minutes.
    Trouver un spécialiste (sur le littoral) n’est pas un problème si on a les moyens de payer.
    Idem pour la chirurgie, avec un petit détail quand même, dès que cela devient un peu compliqué (hors pose de prothèse de hanche par ex ou prostate) le spécialiste ou la clinique hors secteur 1 vous renvoie vite fait sur l’hôpital public.
    Concernant les généralistes, il devient ardu d’en dénicher un, même sur le littoral, beaucoup, vieillissant, ne veulent plus de nouveaux patients ou alors n’acceptent que parce que vous êtes recommandé (pistonné) par quelqu’un.

    Dans les hautes vallées de la Tinée, de la Vésubie et du Var il n’y a plus de médecin à l’année ( l’hiver il y a un médecin dans les stations de ski d’Auron et Isola 2000), il faut faire 20/30 km pour consulter.
    Les personnes âgées du haut pays, où les transports en communs sont pour le moins limités, n’ayant pas ou plus de voitures ont du mal à se déplacer.
    Le prix des mutuelles augmentant avec l’âge (+175 % prévus parfois) on y regarde à deux fois, conséquence dans les deux cas : report ou refus des soins.

 

2) Ehpad

  • 25% publics, dépendant des CCAS pour la plupart.
  • 25 % privé non lucratif.
  • 50% privé lucratif

Les 2 premières catégories ont des tarifs relativement abordables (pour la région) autours de 2000/2500 € / mois. Du coup ils sont difficiles d’accès, les listes d’attente sont très longues.
Pour le privé lucratif les prix sont élevés, ils peuvent dépasser 6/8000 €/mois.
Le Conseil Départemental se vante de n’accorder d’autorisation d’ouverture de nouveaux Ehpad qu’à condition que ceux-ci acceptent d’accueillir 25% de personnes relevant de l’aide sociale. Est-ce réalisé ? À quel prix pour le département ? Nous n’avons jamais réussi à obtenir de réponses claires ni dans le cadre de l’ex CODERPA, ni au CDCA.
À noter qu’il existe un certain nombre d’Ehpad privés aux tarifs moins élevés dans le haut et le moyen pays, ils sont petits et pas toujours très rigoureux, périodiquement il en est qui sont mis en cause. Toutefois les réels scandales entrainant des décès concernaient, lors de la pandémie, des établissements du littoral appartenant à de grandes chaines (Kyrian, Orpéa).

Au niveau national beaucoup d’Ehpad ont des difficultés financières : déficit de 800M d’€ pour les établissements rattachés à un hôpital public ; résultat d’exploitation divisé par 2 entre 2017 et 2023 pour le privé.

Toujours au niveau national un rapport du Sénat s’inquiète de la « financiarisation de l’offre de soin » en constatant le passage d’un « capitalisme professionnel » à un capitalisme financiarisé ». C’est-à-dire que des cliniques, des laboratoires d’analyses, des centres d’imagerie qui appartenaient à des médecins, des professionnels de la santé, sont rachetés par des groupes financiers, des banquiers pour qui prime le rendement du capital et non la qualité des soins, avec toutes les dérives possibles (qu’on a pu constater lors de la pandémie dans certains Ehpad cités plus haut).
Que devient le service public de santé dans tout ça ?
(Pour les 2 derniers § v. articles du « Monde » du 26 septembre 2024).

Enquête réalisée par des militants de la FGR/FP 06 et de la Section Fédérale des Retraités/FSU des AM.